Interview de notre vice-présidente

 

Interview de Mme Sirikul Lithicharoenporn Nguyen, vice-présidente de notre association en compagnie de Kane, responsable prédagogique

Interview réalisée le 20 décembre 2013 et parue dans http://duglobeaublog.com

 

1. Quand et pourquoi êtes-vous venue en France ?

Je suis arrivée en France, il y a 30 ans. En Thaïlande, j’avais étudié et obtenu mon master avec l’option langue française. Mes parents m’ont proposé d’aller en France pour approfondir mon Français.

 

2. Comment avez-vous vécu le changement de vie entre la France et la Thaïlande ?

Il y a de nombreuses différences culturelles, culinaires et, en premier lieu, climatiques. En Thaïlande, la température est de 30°c ou plus. Et toute l’année ! C’est un climat majoritairement tropical (sauf à l’extrême sud : équatorial). Il fait chaud et humide une bonne partie de l’année et les Thaïlandais cherchent en permanence à se protéger du soleil et de la chaleur. En particulier les enfants : dès qu’ils le peuvent, ils se rafraîchissent en se baignant ! En France, le climat est bien différent.

La cuisine thaïlandaise est très différente aussi : on mange beaucoup plus épicé ! J’aime beaucoup cuisiner et il est facile de trouver à Paris tous les ingrédients (par exemple de la pâte de curry, de la citronnelle, des fruits exotiques…) pour cuisiner thaïe.

En arrivant ici, j’ai essayé de m’adapter : au climat (ce fut sans doute le plus difficile), j’ai découvert la cuisine française… et ça m’a plu puisque je suis encore là !

 

3. Dans quel but avez-vous adhéré à l’Association Culturelle Franco-Thaïe (ACFT)?

J’ai adhéré à l’ACFT il y a quelques années maintenant. Au début, c’était pour rencontrer d’autres Thaïlandais, comme moi expatriés. Peu à peu, de plus en plus de personnes voulaient étudier la langue thaïe. C’est alors qu’on m’a proposé de devenir professeur et donc de faire partie de l’ACFT. J’ai accepté avec plaisir. Je voulais aussi (et je veux toujours d’ailleurs) transmettre la culture thaïe, mon savoir et ma connaissance aux autres. Je voulais faire connaître la Thaïlande, partager de la joie et les saveurs thaï qui sont si différentes. C’était aussi pour d’aider les familles thaïes dans le besoin.

 

4. Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer en donnant des cours de langue thaïe ?

Je voulais faire connaître ma culture et ma langue. C’est une chose que j’apprécie beaucoup. Cela me permet de rencontrer d’autres personnes, de partager les différents aspects de la culture thaïlandaise. J’aime beaucoup, en particulier, parler de mon pays et c’est aussi pour cela que j’ai accepté de venir vous rencontrer au collège Travail Langevin.

 

5. Quel est le profil de vos étudiants et pourquoi viennent-ils apprendre cette langue ?

Pour la majorité, les étudiants sont des enfants de couples mixtes. Très souvent, ce sont des hommes mariés à des femmes d’origine thaïe. Ils viennent le week-end pour apprendre la langue thaïlandaise. Différentes raisons les motivent. Soit un de leurs parents est d’origine thaïlandaise. Ils souhaitent alors apprendre la langue de leurs origines et se rapprocher de la culture de leurs ascendants. Soit ils ont découvert ce pays pendant des vacances et en sont « tombés amoureux ». Ils y retournent régulièrement et veulent donc apprendre la langue pour mieux le connaître, se débrouiller seuls dans ce pays en communiquant avec ses habitants. Et pourquoi pas, s’y installer durablement.

 

6. Est-ce que le thaï est une langue difficile à apprendre ?

La principale difficulté est qu’un même son peut s’orthographier de très nombreuses façons. Par exemple le son [s] peut s’écrire avec 5 signes différents. Il ne faut pas se tromper ! La prononciation du Thaïlandais est, en revanche, assez simple. Le nombre peu important de sons différents (44 lettres mais seulement 21 sons) et le manque de voyelles diminuent les nuances de sons. Certaines lettres restent tout de même difficiles à prononcer.

 

7. Quels aspects de la culture thaïlandaise avez-vous envie de transmettre à vos enfants ?

Je veux leur transmettre ma culture et mes traditions, comme les fêtes thaïlandaises. La plus importante est la fête de la lumière. Quand j’étais en Thaïlande, on confectionnait des barques en feuilles et, à l’intérieur, on mettait des fleurs et des bougies. Je me rappelle que, quand nous jetions des pièces dans la rivière, les enfants venaient les chercher ! Je veux également leur transmettre la langue thaïlandaise. Et aussi la cuisine thaïlandaise, pleine de saveurs et très épicée. D’ailleurs, je cuisine très souvent des plats thaïlandais.

 

8. En France on connaît la boxe thaïe, les massages thaïlandais, la cuisine thaïe : réalité ou cliché ?

C’est une réalité : la boxe thaïe est le sport le plus connu en Thaïlande. C’est un sport très violent. Avant, les boxeurs ne se protégeaient pas avec des gants, ils écrasaient du verre avec leurs poings et les recouvraient de bandages.

Pour ce qui est de la cuisine thaïe, elle est très différente de la cuisine française. Dans un plat thaï, les goûts sont très relevés.

Quant aux massages thaïs, ils sont très reconnus pour la détente et le repos qu’ils procurent. J’aime beaucoup me faire masser après une journée de travail. Les personnes de tout âge vont se faire masser car c’est bon pour la santé et pour la peau.

 

9. Quelles sont les principales fêtes traditionnelles thaïlandaises ?

La fête la plus importante pour nous est Loy Krathong qu’on appelle aussi fête des lumières. On la célèbre lors de la pleine lune du 12ème mois de notre calendrier lunaire. On se rassemble près d’une rivière avec une offrande et une bougie pour enlever le mauvais œil. Parfois, on met des bouts d’ongles et des cheveux dans une feuille tissée en forme de barque. On ajoute aussi des couronnes ou des lanternes. La fête rend hommage à la déesse de la rivière.